La mutualisation, qu'est-ce que c'est ?

Mutualiser n’est pas un concept neuf. De nombreuses initiatives ont été entreprises telles que des associations d’entraide, de sociétés coopératives et des mutuelles dans divers pays, à la fin du XIXe siècle. Mais aujourd’hui, de quoi s’agit-il ? Absent du dictionnaire, le mot “mutualisation” est un néologisme et est aujourd’hui associé à des mots-clés tels que fédérer, solidariser, partager et renvoie à des réalités différentes telles que partenariat, économies d’échelle, optimisation, gain de temps, co-construction, collaboration, communauté, etc. Mais concrètement, la mutualisation c’est quoi ? Qu’est-ce que mutualiser ? Pour qui, quoi et pourquoi ?

La mutualisation au fil des années...

Aujourd’hui, nous parlons de “mutualisation” tous les jours, chez soi, au travail, dans un café, avec des ami.e.s, des collaborateurs, des connaissances. C’est une pratique bien connue par n’importe quel type d’acteur au sein de n’importe quel secteur. Pourtant, la mutualisation a toujours existé. On entend d’ailleurs pour la première fois le verbe “mutualiser” dès le XVIe siècle avec le sens de « rendre la pareille ».
Trois siècle plus tard, c’est le substantif « mutualisme » qui est apparu, notamment grâce aux théories économiques de Pierre-Joseph Proudhon qui sont les premières théories prônant que les relations économiques doivent être le plus équitable possibles, les prix étant basés sur la quantité de travail nécessaire à la production du bien ou du service. En conséquence de quoi, de nombreuses associations d’entraide, de mutuelles et de coopératives à travers le monde, principalement dans le secteur de la santé, dans la production, la distribution et la consommation, ont vu le jour en se basant sur ces théories, basées sur une logique de protection.
Viennent ensuite les années 2000, période essentielle pour la mutualisation, qui va s’accentuer dans de nombreux secteurs, notamment le secteur culturel. On assiste très clairement à une intensification de mise en commun.

Cette tendance se manifeste pour deux raisons. Tout d’abord avec la montée en puissance des collectivités territoriales dans la vie culturelle française qui commencent à coordonner leurs actions et à mutualiser leurs moyens autour de projets communs… Mais cette tendance se manifeste aussi avec les mutations profondes du paysage culturel dans lequel les acteurs du secteur sont incités à repenser l’organisation de leur structures et de se regrouper tant il devient difficile de s’adapter aux transformations en restant isolés. Faute de moyens, les acteurs commencent à se partager des locaux, des outils, du matériel, des compétences...

C’est donc à cette période et encore plus aujourd’hui, avec la crise sanitaire que le terme “mutualisation” a été et continue d’être associé à des logiques d’entraide et de solidarité !
Vers les années 2010-2015, beaucoup de publications sur la thématique de la mutualisation ont été développées, en particulier à l’initiative des collectivités territoriales au moment de la promulgation de la loi NOTRe. Cependant depuis quelques années, on voit qu’il y a de moins en moins de publications permettant d’avoir des données actuelles sur la mutualisation, et notamment dans le secteur culturel. L’équipe Cagibig a donc décidé depuis quelques mois de réaliser ce travail d’étude sur les initiatives de mutualisation existantes à l’échelle nationale, “Le Panorama de la mutualisation en France, 2021”.
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Et aujourd'hui ?

En l’absence de définition officielle, le terme “mutualisation” est un néologisme. Le terme est aujourd’hui largement employé pour désigner des réalités de nature différente selon les individus.
Ce qu’on entend le plus souvent quand on parle de mutualisation, c’est qu’elle désigne un processus de mise en commun entre différents acteurs, c’est-à-dire le besoin de partager des ressources matérielles et immatérielles comme des postes (des tâches, des emplois), des moyens matériels (des locaux, du matériel, des outils…) ainsi que des risques afférents, ce qui fait de la mutualisation un synonyme de solidarité mais aussi de co-responsabilité.
Bien que la mutualisation soit synonyme de partage, les individus ont souvent à dire que mutualiser c’est aussi cohabiter avec parfois des conflits et réfléchir autrement. Pourquoi ? Parce que mutualiser implique de communiquer avec des acteurs complémentaires mais aussi parfois très différents. Mutualiser, c’est donc accepter de faire évoluer le projet collectif au fur et à mesure de son développement, mais aussi, et en même temps, de faire évoluer les projets individuels. Chaque différence est à prendre en compte dans une initiative de mutualisation et cela nécessite de prendre des risques mais aussi du temps afin d’élaborer un projet mêlant les convictions de toutes et tous, ce qui fait de la mutualisation un synonyme de coopération.
Et il ne faut pas oublier que partager est spécifique à la culture, il n’y a pas de culture sans partage. Contrairement à un produit ordinaire, un « produit culturel » ne se consomme pas, il se partage, et c’est en partageant que les produits culturels prennent de la valeur.
La mutualisation signifierait donc la mise en œuvre de projets plus ambitieux, plus risqués, la démultiplication des rencontres et la création de nouvelles dynamiques ; l’accès à des opportunités, des moyens, des marchés inaccessibles de manière individuelle, notamment pour les organisations de petite taille ; une meilleure visibilité, notoriété, légitimité, crédibilité ; un gain de temps par le partage d’outils et de méthodes de travail et la création de nouvelles connaissances et de nouvelles compétences !
Mutualisons donc ensemble dès maintenant !

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